Faut-il vraiment manger le matin ?
- Sofia CHARRON

- 9 oct.
- 5 min de lecture
(Et si c’était simplement votre corps qui décidait ...)

Alors, faut-il vraiment manger le matin ? Comme souvent en diététique et nutrition comportementale, la réponse est nuancée et dépend de vous, de votre corps et de votre rythme de vie.
Depuis des années, on entend que « le petit-déjeuner est le repas le plus important de la journée ». Cette phrase semble si évidente qu’elle en est devenue une vérité gravée dans la culture nutritionnelle. Pourtant, beaucoup d’adultes n’ont tout simplement pas faim le matin, et c’est parfaitement normal.
En tant que diététicienne-nutritionniste spécialisée en diététique comportementale et en alimentation intuitive, j’accompagne de nombreuses personnes qui culpabilisent de ne pas déjeuner avant de partir travailler.
Pourtant, ne pas manger le matin n’est ni une erreur ni une faute, à condition de respecter ses signaux internes et son rythme de vie.
“Je sais qu’il faut manger le matin, mais je n’y arrive pas… Je culpabilise de ne pas petit-déjeuner avant de partir travailler…”
D’où vient l’idée qu’il “faut” manger le matin ?
Contrairement à ce qu’on imagine, cette idée n’a pas de fondement biologique universel. Elle a surtout été popularisée par l’industrie agroalimentaire, notamment au XXᵉ siècle.
La fameuse phrase « breakfast is the most important meal of the day » est née d’une campagne publicitaire de 1944 menée par General Foods pour promouvoir les céréales Grape-Nuts. L’objectif : encourager les Américains à manger le matin pour “mieux travailler”.
Un peu plus tôt, au début du siècle, les frères Kellogg avaient déjà participé à ancrer le petit-déjeuner dans les habitudes. John Harvey Kellogg, médecin hygiéniste, servait des flocons de maïs à ses patients au sanatorium de Battle Creek, avant que son frère Will Keith Kellogg ne transforme cette invention en produit industriel, vendu à grande échelle.Son entreprise embauchera ensuite Mary Barber, une diététicienne chargée de promouvoir les céréales comme “repas idéal du matin” (source : Science History Institute).
Au fil des décennies, la répétition de ces messages a ancré dans les esprits l’idée qu’un “bon petit-déjeuner” était indispensable à la santé. Mais cette croyance est avant tout une construction culturelle et marketing, bien plus qu’une nécessité physiologique (pour certain).
Écouter son corps plutôt que les injonctions
L’alimentation intuitive nous invite à revenir à ce qui compte vraiment : l’écoute du corps. Certaines personnes ressentent la faim au réveil, d’autres non. Cela dépend de nombreux facteurs : la composition du dîner de la veille, la qualité du sommeil, le stress, ou encore le rythme hormonal.
Forcer un repas quand la faim n’est pas présente ne rend pas service au corps. Cela peut provoquer un inconfort digestif ou une forme de dégoût alimentaire. Manger “parce qu’il faut” entretient souvent une relation tendue avec l’alimentation, plutôt qu’un rapport apaisé.
De nombreuses personnes se portent très bien sans petit-déjeuner. Leur énergie reste stable et leur concentration aussi, à condition d’avoir une alimentation équilibrée et adaptée le reste de la journée. Ne pas manger le matin n’est donc pas un problème, tant que le corps retrouve ailleurs ce dont il a besoin.
Quand manger le matin peut être utile
Certaines situations rendent un petit-déjeuner pertinent, voire nécessaire :
👉 Si vos matinées sont longues ou intenses et que le déjeuner arrive tard, un apport matinal peut aider à stabiliser l’énergie et la concentration.
👉 Si votre déjeuner est souvent rapide ou léger, un petit-déjeuner permet de mieux répartir vos apports.
👉 Si vous ressentez tremblements, fatigue ou irritabilité avant midi, cela signifie probablement que votre corps réclame quelque chose.
Cela ne veut pas dire qu’il faut avaler un grand repas : quelques bouchées peuvent suffire. Un fruit, un peu de pain, un yaourt ou une boisson nourrissante… L’idée n’est pas de forcer, mais de répondre avec bienveillance à un besoin concret.
La collation du matin ou de l’après-midi : une alternative simple !
Si manger dès le réveil vous rebute, une pause en matinée peut être un excellent compromis. Un fruit, une poignée d’amandes, un smoothie ou un yaourt peuvent soutenir l’énergie sans “obliger” à un vrai repas.
Et pour celles et ceux qui ne mangent pas du tout le matin, une collation dans l’après-midi aide souvent à équilibrer la journée : moins de fatigue, moins de fringales en soirée, plus de stabilité globale.
Quand le corps refuse de manger le matin...
Certaines personnes sont incapables de manger au réveil, parfois depuis l’enfance, parfois après des années de régimes ou de contraintes alimentaires. Dans ce cas, il n’y a rien à réparer.
On peut simplement observer, accueillir et, si on le souhaite, tester de petites quantités sans pression. Souvent, en cessant de se forcer, le corps retrouve spontanément la sensation de faim au fil du temps.
Quelques nuances importantes :)
Cet article s’adresse exclusivement aux adultes. Les enfants, adolescents et les personnes diabétiques ont des besoins spécifiques. Pour les personnes atteintes de diabète, leur équilibre glycémique dépend d’apports plus réguliers et ne peut être transposé à l’adulte en bonne santé !
En résumé
Non, vous n’êtes pas obligé·e de manger le matin. Et non, sauter le petit-déjeuner ne veut pas dire “mal manger”.
Manger le matin ou non dépend avant tout de votre faim, de votre rythme de vie, et de votre confort digestif. Certaines journées commenceront sans faim, d’autres avec envie d’un vrai repas. L’essentiel est d’apprendre à vous écouter, sans injonctions ni culpabilité 🙏
Envie d’aller plus loin ?
Si vous vous reconnaissez dans ces situations — pas faim le matin, fatigue, repas déséquilibrés ou difficulté à écouter vos signaux corporels — un accompagnement personnalisé peut vous aider à retrouver un rythme alimentaire fluide et apaisé.
À propos de moi
Je suis Sofia Charron, diététicienne-nutritionniste spécialisée en diététique comportementale. J’accompagne les adultes qui souhaitent apaiser leur relation à l’alimentation et à leur corps, sortir du cercle infernal des régimes et retrouver une manière de manger plus intuitive et sereine.
Mon approche repose sur l’alimentation intuitive, la pleine conscience alimentaire et les thérapies comportementales et cognitives (TCC, ACT). Mon objectif est de vous aider à comprendre vos signaux de faim, vos envies alimentaires et vos émotions, pour vous libérer des injonctions liées à la culture des régimes.
Je consulte à Bordeaux et en téléconsultation partout en France. Mon accompagnement est particulièrement adapté aux personnes qui veulent :
Mettre fin aux fringales émotionnelles et au grignotage compulsif
Retrouver le plaisir de manger sans culpabilité
Prévenir des troubles du comportement alimentaire
Apprendre à écouter leur corps et leur faim plutôt que de suivre des règles extérieures.
💡 Sur ce blog, je partage régulièrement des conseils pratiques, des recettes simples et équilibrées, ainsi que des ressources sur la diététique comportementale, pour vous accompagner pas à pas vers une relation plus libre et bienveillante avec l’alimentation.








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